Pourtant, sur les pages bilingues produites par Blodgett et Brault, chaque poème « original » est à la fois texte source (il est générateur du poème suivant) et texte cible (il est une réponse au poème précédent). À la symétrie du bilinguisme officiel, Blodgett et Brault ajoutent donc un corollaire qui en change la donne : la transfiguration réciproque. Elle contredit les promesses du bilinguisme officiel, mais elle parodie aussi – la répétition d’un événement définitif démentant nécessairement celui-ci – les affirmations nécrologiques émanant du Québec à l’endroit des communautés francophones des autres provinces[12]. À première vue, avec un seul texte par page, il maintient davantage que Blodgett et Brault la division des langues entre la page de gauche et celle de droite. poésie   On ne saurait mieux, me semble-t-il, décrire l’écriture de L’homme invisible/The Invisible Man. La traversée des références culturelles suit un schéma similaire. D’un autre côté, le fait que de nombreux éléments discursifs de leur vie quotidienne ne soient accessibles aux francophones que par des formulations créées à partir d’une autre langue préoccupe tant les experts que les locuteurs du français eux-mêmes et contribue à une perception de la traduction comme menace. As the dialogue advances, there is a progressive interconnection between the poets’ voices. Reportant l’amitié sur une mésange, Brault s’en distancie. Elle se sert plutôt des images pour les doter d’autres sens. Toutefois, la page française n’a pas pour lui une fonction de refuge. As a result, this article’s conclusion calls for a comparatism that, instead of limiting its exploration to the differences between English and French or even their contact zone, concentrates on the different relationships with translation emanating from that very zone. Le bilinguisme est la faculté de parler ou d'écrire couramment deux langues. En témoigne la campagne publicitaire d’une compagnie de bière, au début des années 2000, dont le slogan était « I am Canadian ». De la traduction de l’anglais vers le français des documents gouvernementaux, Desbiens renverse la dynamique en plaçant son français sur la page que les codes de l’édition bilingue assignent à la langue source. romantique   Or, sa première compagne québécoise, malgré la vaste expérience des rencontres qui lui est supposée, est sans repères devant lui : Il y a une rumeur qui dit qu’elle couche avec tout ce qui bouge. Certes, les écrivains français Rimbaud et Baudelaire, figures de la littérature mondiale que Desbiens récupère comme personnages, possèdent le statut nécessaire pour voyager vers la version anglaise ; mais ils ressortent dégradés de leur passage en Ontario français. L’inspiration que les poètes se reconnaissent – et à laquelle Blodgett assimile explicitement leur démarche dès l’incipit du recueil (voir Blodgett in Blodgett et Brault 1998 : 8) – est le renga, un art poétique japonais dont la popularité a culminé il y a plusieurs siècles (voir Horton 1993 : 443 ; Brazell et Cook in Konishi 1975 : 29). Le lien avec le bilinguisme officiel n’est pas explicite dans le texte de Blodgett et Brault. De très nombreux exemples de phrases traduites contenant "poème anglais" – Dictionnaire anglais-français et moteur de recherche de traductions anglaises. Pour Blodgett comme pour Brault, l’asymétrie entre l’anglais et le français est un donné social qu’il ne sert à rien de nier, et à partir duquel il faut au contraire travailler pour un tant soit peu le contrer. Mais, tout autant, elle en reprend certains éléments, qu’elle transfigure – au sens cette fois où elle les améliore. Par En effet, s’il a une existence historique avérée, le terme de Canadien français est tombé en désuétude dans les diverses communautés franco-canadiennes après la nationalisation de la culture québécoise dans les années 1960 (voir Hotte 2000b : 53-54). Brault le contient en y mettant fin. Pour l’instant, notons que les onomatopées, à la fois semblables et différentes (« fi-bi » et « phee-bee »), matérialisent la correspondance mêlée d’écart entre les deux poètes. La double page à quatre textes peut dès lors se lire dans tous les sens ; elle autorise plusieurs permutations (voir C. Melançon 2000 : 12). Eh bien ! 2012). D’autre part, même chez les anglophones et même chez ceux parmi eux (nombreux) qui ne maîtrisent pas le français, le bilinguisme anglais-français joue un rôle non négligeable dans la construction de l’identité nationale. C’est ce dialogue que le présent article examinera. Le segment où elle intervient laisse entrevoir un entrelacement plus complexe de significations : Lucie Hotte est la seule critique à avoir porté une attention méticuleuse à la figure d’Audie Murphy. je traverserais cette langue, je la traverserais jusqu’à ma langue propre (et inconnue), et au cours de cette traversée pénible et salutaire, je me perdrais dans l’autre et l’autre se retrouverait en moi » (1989 : 212)[4]. You promised me that you would always be my friend. Que ces textes se montrent tous deux critiques à l’endroit du bilinguisme officiel semble aller de soi, surtout si on prend en compte le discours social en circulation dans les milieux où frayent les auteurs et le fait qu’ils ont contribué à ce discours. Lorsqu’il l’est, il est source d’exotisme. En prenant parti pour le français contre l’anglais, Godbout ne sort pas des catégories établies par l’État, qui ne tiennent pas compte de « l’espace tiers » (Bhabha 1994 ; 1996) existant entre les entités qu’elles délimitent[11]. Traductions en contexte de "poème sur" en français-anglais avec Reverso Context : Des blagues et un autre poème sur l'achat d'obligations constituent l'éditorial. But when two languages mingle relentlessly, […] translation is put to the test » (2006 : 9). Bilinguisme : la définition simple du mot Bilinguisme - La réponse à votre question c'est quoi Bilinguisme ? Le renga est cette traduction qui permet au poème d’aller ailleurs que dans la seule reproduction, et c’est l’un des sens que les auteurs donnent à leur titre (voir Blodgett 2000 : 17). Blodgett ajoutait : « any literary framework that assumes equality of status between these two cultural groups [Blodgett les désigne comme étant « canadian-québécois »] mistakes the nature of the relationship » (1982 : 32-33). Ce faisant, l’auteur met en relief la vision dépassée, simplificatrice et stéréotypée des francophones qui continue d’être véhiculée dans les discours de langue anglaise au Canada. Plus loin dans cet ouvrage, empruntant le terme à Tony Wilden, il mettait son lectorat en garde contre les démarches de « symétrisation », qui nient la réalité des rapports de pouvoir entre les groupes en cause et dès lors consolident l’ascendant de la langue dominante. L’ordre de parution des textes, avec ceux de Blodgett (à qui revient l’initiative du projet) en ouverture sur la page de gauche, donne l’impression d’une traduction de l’anglais vers le français. Néanmoins, plusieurs des composantes de l’univers de Transfiguration – à distance de la vie en société, et à fortiori des questions d’actualité sur le contact des langues officielles au Canada – peuvent être rattachées aux règles du renga. Homi Bhabha (1996 : 54) présente cet espace comme « the contaminated yet connective tissue between cultures – at once the impossibility of culture’s connectedness and the boundary between », qui « introduce[s] into the polarization of liberals and liberationists the sense that the translation of cultures is a complex act […] that generates borderline affects and identifications […] ». Elle invite à une analyse de la positionnalité qui n’exclut pas les recoupements, mais ne s’y résume pas non plus. Dans le passage qui suit, quand la page française reprend en le déformant un vers célèbre de Verlaine, la page anglaise omet d’y faire référence : On a vu plus haut que le faible poids symbolique des cultures d’expression française dans l’univers anglais du récit expliquait de telles omissions de références culturelles – omissions que la double page permet d’exposer et de dénoncer. La douloureuse traduction culturelle de l’incipit de L’homme invisible/The Invisible Man est certes récurrente à travers le texte, mais elle s’enrichit fréquemment d’un potentiel de transfiguration. Blodgett le signale dans son commentaire sur son activité traductionnelle dans Transfiguration : ce passage est « one of the rare moments in the book in which the character of our relationship was raised » (2000 : 20). Sans faire de lien avec le renga, Charlotte Melançon recense « vingt-sept oiseaux différents » dans Transfiguration et qualifie l’ouvrage de « bref traité d’ornithologie » (2000 : 12). Quelles que soient les positions des uns et des autres à son endroit, le bilinguisme officiel, dans son versant traductionnel, imprègne l’imaginaire national canadien. Amis qui sont fidèles sont toujours là pour vous faire rire quand vous êtes en bas , ils ne sont pas peur de vous aider à éviter les erreurs et ils regarder dans votre meilleur intérêt. Il n’est pas si différent de Godbout, qui reconnaît les autres francophones du Canada, mais au passé seulement. Le passage, qui met aussitôt l’affirmation en acte, se lit comme suit : On reviendra plus loin sur l’adoucissement que Blodgett fait subir aux images de Brault – manifeste ici lorsque « pousse » devient « eases » et « bref » devient « soft ». Traductions en contexte de "poème avec" en français-anglais avec Reverso Context : Discutez du poème avec vos élèves. Si cet aspect ontologique est plus important pour les commentateurs que les enjeux politiques soulevés par le texte, il n’en découle pas moins directement de tels enjeux. En relisant le poème d'AbrahaMosem sKlei n intitul «é The Rocking Chair », qui donne son … +++ Monographie ###Recueils étudiés : L’homme invisible / The Invisible Man (1981) et Poèmes anglais (1988). Les interprétations disponibles accolent quasi systématiquement le mot « disparition » à L’homme invisible/The Invisible Man et lui donnent d’emblée une signification collective (ainsi, Lasserre 1995-1996 : 67 ; Paré 2007 : 1988 ; Lagacé 1999 : 86 ; J. Melançon 2008 : 6). Récit utopique, Transfiguration reste ancré dans l’histoire de la minorisation franco-canadienne qui se trouve au coeur de L’homme invisible/The Invisible Man. C’est que l’égalité de statut que la loi confère aux deux langues masque – en même temps qu’elle y répond – leur rapport asymétrique, mouvementé. Le nom du recueil renvoie évidemment à cette idée. Le bilinguisme du récit semble être le principal vecteur de ces interprétations collectivistes pessimistes, que l’introduction de Robert Dickson (lui aussi poète franco-ontarien) programmait dès la publication en soulignant « l’à-propos de ce texte vis-à-vis [sic] une certaine condition franco-ontarienne de double dépossession » (in Desbiens 2008 [1981] : 18)[7]. Qu’ils le perçoivent ou non comme une menace, le bilinguisme est pour eux une composante, voire une condition de leur identité francophone (voir Poplack 1988 ; Ladouceur 2010 : 193). Fichier pdf du poème anglais Sea fever Étude pédagogique Sea-Fever By John Masefield I must down to the seas again, to the lonely sea and the … Continuer la lecture de « Sea Fever Poème anglais » Transfiguration illustrates the desire to exploit translation’s potential to scramble ownership and property. Reste le cas le plus fréquent, la traduction bilingue en juxtalinéaire, comme décrite plus haut. On n’a qu’à penser à Fall on Your Knees d’Ann-Marie MacDonald, qui a connu un succès spectaculaire. Les coquelicots sauvages commençaient déjà à fleurir à travers les croix de bois placées sur les tombes, ce qui l’a inspiré à écrire le poème In Flanders Fields le jour suivant. De 1 immobile mouvement du poème Abraham MoseKleins , La chaise berçante[The RockingChair] , traduit de l'anglais par MarieFrankland ,Édition s du Noroît, 2006 [1948]. L’absence de hiérarchie recherchée est d’ailleurs le premier aspect du texte à être présenté en note liminaire : A renga is a poem for one-legged dancers. Cette histoire, soumise au thème de la nature, n’y fait d’apparitions que discrètes ; ces apparitions n’en sont pas moins éloquentes. Cahin-caha, continuant à me mêler de ce qui ne me regarde pas, poursuivant mon chemin parmi les poétesses amérindiennes, j’ai traduit ce poème tiré de National Monuments, de Heid Erdrich, dont on peut lire la version originale, « Ghost Prisoner » sur le site Poetry Foundation. Ce que Blodgett ne dit pas à cet endroit mais qui transparaît dans Transfiguration, c’est que le renga, d’après ses spécialistes, est affaire de transformation (voir Konishi 1975 : 42 ; Ogawa 2011 : 264). S’appuyant sur la démarche de traduction qu’il avait adoptée dans Poèmes des quatre côtés, il affirmait : « La langue anglo-américaine m’agressait ? Citant Walter Benjamin, Bhabha y voit en effet « that element in a translation which does not lend itself to translation » (voir Bhabha 1994 : 224 ; Benjamin 1968 : 75). Toutefois, par le jeu des influences inégales d’une langue à l’autre, il opère aussitôt un nouveau renversement, qui suggère la difficulté qu’a le français ontarien à occuper cette position. En revanche, dans L’homme invisible/The Invisible Man, la proximité est à la fois inévitable et insoutenable. littérature   La reproduction est autorisée par les Éditions Prise de parole. Conformément à l’égalité de statut des deux langues, les versions anglaise et française ont en outre toutes deux valeur d’original. Un film sonore de Ludovic Chavarot et Céline Ters. Elle en conclut à un échec de l’identification de l’homme invisible à Audie Murphy. Le bilinguisme: définition Idées reçues Les avantages Le bilinguisme: définition Définir le bilinguisme en quelques mots est problématique car tout comme chez les monolingues, le langage des individus bilingues peut avoir différentes caractéristiques. La prise en compte de différentes pratiques littéraires traductionnelles illustrant différents rapports à la traduction, à l’intérieur du cadre que fournit le bilinguisme officiel canadien, me semble constituer un premier pas en ce sens[15]. En témoignent les petits-enfants de la famille Luvovitz, dont la première génération était locutrice du yiddish et la seconde avait passé à l’anglais : « They speak French at home, English at school and Yiddish with every second shopkeeper. Ce genre d’ami peut être […] Vous aimez ce livre ? One day something changed I’m not sure what it was. La distance allait être confirmée dans toute son ampleur par la réception de la coédition au Canada anglais, où le texte de Desbiens passerait quasi inaperçu et où, dans la seule recension publiée, les différences entre les deux versions ne seraient pas relevées (voir Aubert, 1982 : 30 ; Leclerc et Nolette 2014 : 259).